Penser le contemporain

Dans un régime de consumation dévorant nos attentions et astreignant le langage par des mots engendrant un certain vide et un malaise dans la signification, la variété de nos expériences et la diversité de leurs représentations appellent des temps réservés à une étude indisciplinée de nos pratiques. C’est dans cette mesure que des matières à penser adviennent et ouvrent pour moi des enquêtes. Sous la forme de conférences, de plaquettes ou encore de fragments, entre l’expérience poétique et l’héritage philosophique de Dufourmantelle, Nancy, Derrida, Bergson ou encore Souriau, une prospection commune est ici proposée.

Le Courage de la Douceur

Le courage de la douceur est une texture, une série de traits entrelacés qui expriment l’expérience de la douceur. Loin de vouloir la définir à l’aune d’un système philosophique, cet essai polymorphe propose une poïétique de la fragilité des corps et expose, du commun, un précipité (chimique). En écho avec les expériences esthétiques, et littéraires, en observant les gestes du quotidien, « l’intimité de matière » est dépliée pour montrer comment être disposé à la douceur est un geste politique.

Étapes du travail

  • Septembre à décembre 2019 : séminaire d’exposition de l’enquête pour le Groupe Vaudois de Philosophie (une fois par mois sur chaque ligne de fond).
  • Septembre 2023 : préparation de l’écriture
  • Entre les deux, reprise des lectures ponctuelles

Extraits

Sur l’écriture

L’écriture est une échographie de nos êtres. L’en devenir apparaissant là où la matière s’admet à ce qu’elle peut. Préfigurant, parmi les obscurités synaptiques, des gestes germant, elle ouvre moins la parole qu’elle ne rend possible l’écoute.

L’écriture du courage de la douceur s’amorce d’elle-même dans une vacance sensible aperçue au quotidien ; elle dispose un passage où nous pouvons, où nous pouvons cheminer sans être happé·es par les stérilités. Ces vides absorbants ont plusieurs noms : indifférence, rejet, exclusion, laisser à l’autre faire ; cette liste qui ne finit pas de grandit à la mesure des comportements considérant qu’une vie vaut moins qu’un autre, qu’une vie n’est pas digne si elle n’est pas alignée sur la grammaire qui choisit et norme.

L’échoïque de l’écriture ne peut se diffuser que par l’ajout que chacun·e fera et ne prétend pas énoncer l’infinité des présences de la douceur. La variation prend alors la forme du fragment ouvert, telle la blessure du monde qu’ensemble nous pansons & pensons pour que circulent sans entraves nos désirs.

Le Parfum des mots

Étapes du travail

  • 15 juin 2022 – conférence à Maison de Quartier sous Gare, Lausanne – pour le Groupe vaudois de philosophie
  • 17 septembre 2022 – conférence au Double Monde, St-Pierre-de-Clages
  • 24 novembre 2022 – format d’atelier d’écriture à la MEEL, Monthey

Alors, si le parfum conserve une de ses fonctions premières – offrir & se signaler aux êtres célestes – et que cet usage nous semble distant, il en va de même pour le texte. Mais cette fois, ce sont des affects et des mots qui sont la cible de la chaleur et de la composition pour relier nos errantes intimités. Pouvons-nous encore savoir ce qui se déroule en nos corps quand un texte passe ?